Nouvelles voies d’obtention de phytoactifs à visée cosmétique
[Article paru dans Expression Cosmétiques N°81 – Mai / Juin 2023]
Dans la nature, et en particulier dans le monde végétal, de nombreuses molécules présentent des propriétés leur permettant de remplacer la plupart des composés synthétiques. Les plantes reprennent alors leur place au cœur de ce sourcing prééminent d’actifs cosmétiques pour apporter des solutions ciblées notamment aux problèmes cutanés. La question de la production de cette matière première devient donc une préoccupation majeure pour faire face à l’augmentation croissante de la demande.
L’objectif du projet INNOCOSM, soutenu par la région Centre-Val de Loire dans le cadre du programme ARD CVL Cosmétosciences, porté par l’Université d’Orléans en parte-nariat avec l’Université de Tours, le CNRS, COSMETIC VALLEY et le Studium, est l’iden-tification et la caractérisation d’ingrédients naturels issus de biomasses végétales ob-tenues selon des procédés écoresponsables à partir de sourcing originaux de matière première végétale. Ce projet est porté par le laboratoire Biomolécules et Biotechnologies Végétales (BBV) de l’Université de Tours, au-quel sont associés le Laboratoire de Biologie des Ligneux et des Grandes Cultures (LBLGC), l’Institut de Chimie Organique et Analytique (ICOA) de l’Université d’Orléans ainsi qu’une entreprise de la région Centre-Val de Loire. Deux types de sourcing de biomasse végétale sont ainsi développés dans ce projet.
Valorisation de co-produits régionaux
Le premier sourcing est basé sur la valo-risation de co-produits issus de grandes cultures présentes en Région Centre-Val de Loire telles que le lin et la vigne, pour lesquelles les laboratoires BBV et LBLGC ont déjà montré la richesse métabolique des coproduits et ont leurs propres filières d’approvisionnement. L’intérêt, de cette ap-proche est non seulement d’exploiter une biomasse dont la production se chiffre en tonne chaque année et qui, à ce jour, est essentiellement détruite. Mais également d’explorer les particularités biochimiques des extraits produits en fonction des varié-tés de lin ou des cépages de vigne à l’origine de ces co-produits. En effet, le choix d’un génotype particulier peut impacter la com-position biochimique des extraits soit par la présence de composés originaux, soit par des modifications des proportions re-latives de chacun des composés. Ces deux paramètres peuvent alors influencer consi-dérablement les propriétés biologiques des extraits au regard de leur intérêt pour des applications cosmétiques.
Culture in vitro de plantes entières
La seconde voie d’obtention de bio-masses végétales développée dans le projet INNOCOSM repose sur un procédé biotechnologique de culture in vitro de plan-tules ou d’organes végétaux (tiges feuillées ou racines) en bioréacteur. La culture de plantes entières in vitro offre de nombreux avantages. Ce mode de culture, en condition stérile, hors sol et entièrement sous contrôle, abolit l’utilisation de terres arables et s’affranchit totalement des saisons et du site de production. Dans le projet INNOCOSM, la culture in vitro s’adresse à des plantes d’inté-rêt cosmétique, rares ou emblématiques de la Région Centre-Val de Loire, en danger ou peu cultivées dont on peut, par ce biais, pro-duire une importante biomasse sans impact sur la biodiversité. Dans ces conditions, des extraits de plantes composés d’un mélange d’ingrédients bioactifs peuvent désormais être fabriqués à la demande, exempts de contaminants et de polluants, complètement standardisés, et garantiront des produits cosmétiques de grande qualité. Cela repré-sente également un avantage très précieux pour la production de composés bioactifs rares. Généralement présents à de très faibles concentrations dans les plantes cela nécessiterait alors le traitement de grandes quantités de biomasse végétale pour leur isolement et leur purification.